|
|||||||
En guise de préambule, je voudrais vous soumettre un document qui est, je crois, susceptible de nourrir la discussion de notre Colloque, puisqu'il s'agit d'une tentative ancienne pour établir un système moderne de ponctuation dans la littérature castillane. Hernando de Talavera conclut son Prologue à la Traducción de las Reprensiones y denuestos contra un médico rudo y parlero [1] de Pétrarque en ces termes : foL 3 r°: (...) Vna cosa finalmente avra grande industria / 3v°/ y de todo lector auiso que mire con atención las pausas y señales de distinción de que escriuiendo lo vse. por que no ayudan poco a entender lo que conpendiosamente por interposiciones / suspensiones o interrogaciones es dicho...
En marge* et probablement à l'initiative d'un copiste, sont reproduits les différents signes utilisés : Señal de interposición es ( ) de la quai vso el bachiller arriba quando dixo « vra (aunque grande [2] pero menor y mucho que la prudencia) familia » auia de juntar ura familia y ynterpúso todo lo que entre estos medios cercos esta contenido. Llamase tal señal en latin paréntesis. Señal de suspensión es ؛ [3] Señal de pregunta ? Señal de poca diuersidad / Señal de conplida razón • y . § .
Le traducteur a donc mis en
place un système conçu pour faciliter la lecture du texte, à
l'aide duquel il délimite et précise
:
les incises de nature
diverse, c'est-à-dire tout ce qui dérange la continuité
lo Pour donner une idée plus précise de la façon dont ces signes étaient inclus dans le texte, je reproduis ici le premier chapitre, en ayant bien soin de respecter sa ponctuation [4]. Cap0 pmero declara de que contendían el autor y el medico (ca de nonbre) y la causa de su escriptura Quien quier que seas que desper taste con tus importunos ladri dos la pluma que yazia /y al dormido (porque ansi lo diga) león : ya conosceras ser vna cosa destruyr con lengua ardiente ajena fama : y otra defender la propia por razón < Contienda desigual confieso se ordena entre nos/, tengo donde me fieras : tu non tienes donde yo a ti.ca /que nonbre puede tener el jornalero x infame artifice ָ Ami por çierto contigo no de rique zas o de señorio : mas de solo nonbre es batalla. del qual te entiendes priuado -τ menguado aunque non telo digan /. pero pues me mercas a lo que de grado nunca fiziera : nesçesario es fablar algo /por que de mi silencio tu por ventura non te gozes : si menospreciando tus cosas como alas vezes ami animo viene callare.pediendo perdón /no aty : mas al lector si alguna cosa contra mi costunbre dixiere : responderé a algunas cosas (Ca muchas tan sin manera dizes : que quien las reputare dig ñas de repuesta : podra justamente ser visto mas inepto y desdonado [5]).
On observera que le système de
ponctuation utilisé dans le texte est plus complexe que ne
le laisse supposer la note du copiste. On a conservé des
signes traditionnels tels que ec~ qui marque le début d'une
phrase. On continue aussi à utiliser une barre légèrement
arrondie, en forme de parenthèse ouverte, pour des usages
aussi divers que l'indication du début d'une phrase
interrogative, l'accom
En fait, cette tentative
s'inscrit dans un courant déjà très fort au xve
siècle, comme le démontrent plusieurs exemples cités dans ce
Colloque (cf. les communications de J. Aufray, J. Lemartinel
et J.-P. Lecertua), qui manifeste une claire volonté
d'uniformiser la ponctuation. Hernando de Talavera ne fait
que reprendre à son compte, semble-t-il, une attitude qui
tend à se répandre. Mais cette tentative contient aussi sans
doute une part d'innovation. On ne compren
Cette tentative pour établir un
système de ponctuation témoigne, d'une part, d'une réflexion
sur la nature de la syntaxe castillane et, d'autre part,
d'une recherche de plus grande efficacité didactique. La
première a inspiré cette attitude critique qui amène
l'auteur à s'interroger sur les moyens d'expression qu'il a
hérités de la tradition littéraire et à tenter d'analyser
pour les isoler les différentes composan
L'usage fréquent qui est fait
des deux points ( :) rejoint la com Tournons-nous maintenant vers les textes du mester de clerecia afin d'analyser, comme l'indique le titre de la communication, la fonction structurante de la strophe de cuaderna via. Le choix de mon sujet s'explique doublement. J'ai voulu faire une incursion dans le domaine de la poésie, qui présente à l'évidence une originalité formelle susceptible de modifier l'approche de la question de laponctuation moderne des textes médiévaux. La seconde raison est que, n'ayant pas su reconnaître une ponctuation significative et concertée dans les manuscrits, j'ai tenté d'isoler les éléments de toute nature qui, dans la strophe de cuaderna vía, découpent le texte et, dans la perspective d'une édition, marquent la place qui doit être réservée aux signes de ponctuation.
L'objet essentiel de cette
communication est donc la
copla Mester trago fermoso non es de joglaria mester es sen pecado ca es de clerecía fablar curso rimado por la cuaderna via a sillavas cuntadas ca es grant maestria.
Cette strophe en forme de
manifeste littéraire de l'anonyme auteur du
Libro
de Alexandre
constitue une source précieuse
d'infor fablar curso rimado por la cuaderna via.
Curieuse formule, en vérité, que celle de cuaderna vía qui retire deux termes d'un contexte sans lequel ils cessent d'être compréhensibles. Le vers commente et prolonge les formules précédentes : mester fermoso et que es de clerecía. Chaque mot mérite qu'on s'y arrête :
fablar
introduit l'idée d'une
énonciation, qui pourrait d'ailleurs tout aussi bien être
prosaïque que poétique
;
ce mot appartient au vocabulaire
du
dit.
curso
:
les éditeurs du
Libro
de Alexandre
y ont reconnu le latin
cursus
qui désignait un patron
rythmique dans un discours. Il s'accorde ici parfaitement
avec son contexte si on l'applique au découpage syllabique
des vers. Mais, si on se reporteau
DCECE[7]
de Corominas, s.v.
correr,
on constatera, à travers
l'analyse de
cósante,
que des termes dérivés de
cursus,
tels que
coursault
ou
courante
en français, appartiennent au
registre de la musique et de la danse, l'un et l'autre
étroitement liés à celui de la poésie par l'intermédiaire de
la chanson. Il est possible, par conséquent, que
curso
renferme aussi des sèmes qui le
rattachent au domaine de l'expression chantée. Le premier
hémistiche pourrait donc s'in s'exprimer en un discours rythmé et rimé.
Quant au second hémistiche
introduit par la préposition
por,
il fait fonction de complément
de manière. La valeur exacte du substan Quelle que soit la valeur retenue, deux conclusions s'imposent :
—
il est aberrant de séparer
adjectif et substantif de la préposi — l'adjectif cuaderna constitue le terme sémantiquement le plus fort de l'ensemble, ce que sa qualité d'adjectif pourrait faire oublier [8]. Or quel est le sens de cuaderna ? Reportons-nous à nouveau au DCECE, s.v. cuaderno, «Del antiguo adj. quaderno «cuádruple, que consta de cuatro » (por el número de cuatro pliegos de que consta el cuaderno) descendiente semiculto del lat. QUATERNUS, singular del distributivo QUATERNI « de cuatro en cuatro », que a su vez es derivado de QUATTUOR «cuatro». Ia doc. Berceo. Como adj. se halla, en autores del Mester de Clerecía, quaderna vía para designar su sistema de versificación en coplas de cuatro versos (p. ej. Alex. 2) ». cuaderno désigne donc tout ensemble composé de quatre éléments identiques ou tout ensemble susceptible d'être divisé en quatre éléments identiques. Le sens du second hémistiche serait donc : par le moyen (ou à l'aide) du mode quaternaire.
Au terme de cette analyse, il semble donc bien que la notion de quaternaire soit essentielle. Elle s'applique aussi bien à la strophe tout entière qu'aux vers qui la composent, auxquels le poète fait référence dans son premier hémistiche, en signalant la présence de la rime. On est à même de constater dès lors la rigueur de la formulation adoptée par l'auteur du Libro de Alexandre, ce qui justifie qu'on lui ait consacré tant de commentaires. Traduit en termes prosaïques, le sens du vers tout entier se résume donc ainsi : L'expression se fait en vers et ceux-ci sont groupés par quatre.
L'unité strophique du métier de clergie ainsi présentée, que manque-t-il à cette définition pour être complète ? Préciser que les quatre vers ont même rime ? Certes, mais cette idée est implicite sous cuaderna, puisque le terme signifie la répétition d'un même élément en quatre exemplaires. Il ne saurait en être autrement de la rime. Reste le découpage des vers en hémistiches en principe égaux. Sur ce point, il semble que les avis soient partagés, puisque certains éditeurs ont choisi de ne pas marquer la césure à l'aide d'un blanc, ce qui revient à ne pas distinguer les deux hémistiches. La séparation des deux hémistiches est parfois bien difficile à préciser, surtout pour les textes du xive siècle, ceux donc qui se placent à la fin du genre. Il n'en reste pas moins que son principe est inattaquable, comme le démontre, en particulier, l'égalité du nombre des syllabes contenues dans chacun des demi-vers. Un vers alexandrin de copla cuaderna [9] se définit par la somme de deux éléments de 7 syllabes et non par une amplitude syllabique globale de 14 syllabes. Et, lorsque le mètre cesse d'être alexandrin pour devenir octonaire, c'est chaque demi-vers qui gagne une syllabe et non le vers tout entier qui grossirait de deux syllabes disposées indifféremment. En ne marquant pas la césure de façon visible, on prive donc la copla d'un facteur appréciable de déchiffrement.
Présenter la
copla cuaderna
comme l'unité de base du métier
de clergie, cela revient à affirmer qu'elle est
irréductible, mais aussi qu'elle est isolable.
Irréductible,
en ce que tout élément qui lui
serait inférieur en extension, même s'il est doté d'un sens
autonome, est prisonnier du cadre de cette
copla
Sur le plan formel, ce sont les
facteurs de répétition qui consti La copla cuaderna est donc un ensemble clos sur lui-même. Sur le plan syntaxique, cela signifie que sa fin coïncide avec celle d'un énoncé, d'une razón conplida, pour reprendre les termes du copiste cité au début. Sur le plan de la ponctuation, cela signifie qu'elle ne peut se clore que sur un point. Cette règle s'applique sans exception dans la production du xiiie siècle, et en particulier dans celle de Berceo que j'utiliserai pour illustrer cet exposé. Et elle ne présente que de rares exceptions dans la production du xive qui pourtant contient de considérables innovations sous d'autres aspects [12]. Cette règle ne s'applique pas qu'au registre narratif. On observera en effet que, tant chez Berceo que dans le Libro de Apolonio ou le Libro de Alexandre, la fin des passages en style direct coïncide aussi avec la fin d'une strophe. Quant au point d'interrogation, il est exclu en cet endroit, dans la mesure où il appelle à un prolongement du discours, même s'il s'agit d'une interrogation rhétorique.
Le métier de clergie offre donc
un spectacle inouï dans la production littéraire médiévale
castillane. Alors que la prose s'accommode si bien de la
longue période et refuse même de clore l'énoncé en
multipliant les termes de liaison tels que le relatif par
exemple, à qui on ne peut faire jouer sans violence un rôle
d'interrupteur du discours, la
copla cuaderna
pose le principe d'un discours
morcelé, d'une pensée qui se laisse saisir dans sa totalité
sans qu'il soit nécessaire pour cela d'un grand effort
d'attention, bref d'un découpage strict et forcément
autoritaire de l'écriture. Il faudra, bien évidemment, tenir
compte de ce phénomène particulier lorsqu'on étudiera la
ponctuation ori Que cette norme stricte ait fait peser de lourdes contraintes sur les auteurs qui ont pratiqué ce genre, c'est probable, d'autant plus que le choix de la forme poétique n'était pas forcément délibéré mais pouvait être imposé par d'autres exigences, telles que le thème traité, la nature du public et les conditions de transmission du poème. Mais il est probable aussi que les poètes surent s'en accommoder au point d'en tirer parti dans une recherche de plus grande expressivité. Ils disposaient en principe d'une relative latitude formelle, celle que leur laissaient les possibilités d'agencement de huit éléments isolables, les huit hémistiches de la copla. En réalité, un auteur comme Berceo choisit le plus souvent de se limiter à la manipulation des vers, l'hémistiche lui servant de recours en cas de recherche particulière. Plusieurs cas de figure se présentent qui, tous mais à des degrés divers, ont tenté les auteurs du genre : — les quatre vers constituent autant de propositions indépendantes ; — les vers a et b, d'un côté, b et c, de l'autre, se font face ; — le vers a s'oppose aux trois autres ; — le vers d s'oppose aux trois autres ; — les vers b et c font corps, tandis que a et d sont isolés.
Faute de statistiques, il n'est
pas possible d'établir un ordre de fréquences pour chacun de
ces schémas. Tout au plus est-il permis de dire que, dans un
contexte largement dominé par les facteurs de symétrie,
seuls deux cas de figure leur font une part dominante
(ab/ vs/bc
et
a/bc/d),
ce qui démontre la relative
richesse de cette forme strophique. On peut observer aussi
que, étant donné le faible nombre d'oppositions possibles à
l'intérieur d'une
copla,
le phénomène de subordination
sera forcément limité, puisque seule une, au maximum deux
conjonctions subordinantes pourront être introduites. La
ponc
Dans ce domaine, l'éditeur est
tiraillé entre deux tentations : celle de multiplier les
signes de ponctuation pour éviter toute ambi Pour serrer au plus près la réalité formelle de la copla cuaderna, on ne saurait trop prôner le recours au traitement informatique des textes. Malheureusement, nous ne sommes qu'au commencement d'une expérience de cette nature. J'ai pu disposer, grâce à l'aimable diligence de notre collègue René Pellen, d'un document précieux sur le texte des Milagros de Nuestra Señora : une liste des formes et un concordancier. Ce n'est qu'un premier état d'un travail qui sera très largement affiné dans les années qui viennent mais, tel qu'il est aujourd'hui, il peut déjà rendre de nombreux services.
L'étude statistique fait
apparaître l'existence de
5 152
formes, dont la fréquence moyenne est de
5,35.
De cette longue
liste, je n'ai retenu, pour les besoins de l'exposé, que les
70
formes dont la
fréquence d'apparition est égale ou supérieure à
20.
Parmi elles figurent
9
conjonctions simples,
—
ca, e,
mas,
nin,
o, pero, porque,
que, si
—
et
10
adverbes dont seul
quando
a un rôle important à jouer en
syn Mais un des traits les plus significatifs de la structure de la copla est la place qui est dévolue à ces mots. La table de concordances établie par R. Pellen fait clairement ressortir le caractère privilégié de la position initiale, tant dans le vers que dans l'hémistiche (cf. tableau joint). L'analyse de ces distributions fait apparaître certaines différences entre les conjonctions. Il est particulièrement intéressant d'observer que ca, porque, mas sont systématiquement absentes du début du vers a, ce qu'il faut interpréter comme la preuve de l'isolement de la strophe par rapport à la précédente. Berceo ne fait pas déborder son discours d'une strophe à l'autre. Par contre, pero et si, dans la mesure où ils peuvent être antéposés à la principale, apparaissent en a. Il existe aussi une grande différence des fréquences d'emploi entre les débuts de vers et les débuts d'hémistiches, ces derniers étant nettement moins nombreux. La proposition coïncide plus aisément avec le vers qu'avec l'hémistiche, ce dernier étant d'une amplitude trop réduite. En outre, cela confère au changement de vers une valeur particulière dont le changement d'hémistiche est dépourvu [15]. Ca et mas qui sont parmi les conjonctions de coordination à la fréquence la plus élevée, donc parmi les plus significatives, apparaissent en d plus souvent qu'en tout autre endroit de la strophe, ce dernier vers se voyant donc confier une fonction qui tend à le séparer des trois vers précédents. Lorsque ces conjonctions apparaissent en c, au contraire, la construction de la copla se fait autour de deux éléments symétriques de deux vers chacun. Quant à si, sa souplesse d'emploi explique qu'elle apparaisse aussi bien en a qu'en d, c'est-à-dire aussi bien avant qu'après la principale. La localisation privilégiée des mots de liaison correspond donc au début des hémistiches et, leur fréquence étant nettement plus grande en début de vers, il en résulte que la fin d'un vers coïncidera souvent avec la fin d'une proposition.
Les substantifs dont la
fréquence d'apparition est supérieure à
20
sont relativement peu nombreux,
ce qui découle logiquement de la variété des thèmes traités
dans les
Milagros.
Ceux qui dépassent cette
fréquence auront une valeur générique et, de fait, ils
appartien
Ce qui frappe, si l'on observe
de près la position de ces substan
L'observation faite sur les six
premiers substantifs fait ressortir la contrainte imposée
par l'usage d'une rime unique, puisque seul
Maria,
doté d'une terminaison dont le
castillan est très riche (formes d'imparfait, nombreux
substantifs), figure en fin de vers. On en conclura que la
rime n'est pas nécessairement une position favorable dans
les œuvres de Berceo, et que les mots essentiels seront bien
plutôt à rechercher à la fin du premier hémistiche. Ce qui a
pour effet de conforter la valeur structurale du demi-vers
et de la césure
;
mais aussi de conférer parfois
au second hémistiche une fonction de simple support de la
rime, et de multiplier ainsi les syntagmes appositifs ou
simplement explicatifs, et donc de multiplier les signes de
ponctua
Cette localisation des
substantifs a aussi pour conséquence de favoriser les
inversions, le sujet se trouvant nécessairement déplacé du
début de la phrase. La tournure n'est pas réservée aux
substantifs énumérés, elle concerne aussi d'autres
substantifs de moindre fré En quatre occasions où il apparaît en fin de premier hémistiche, Teófilo inaugure un passage en style direct en fonction d'apostrophe, ce qui contrarie le découpage du vers, puisqu'il fait commencer un nouveau type de discours juste avant la césure. En fait, il semble bien que la signification de la position à l'intérieur du vers ait plus de valeur que le respect de l'orthodoxie du découpage.
Enfin, le concordancier nous
permet aussi d'observer comment les passages en style direct
sont introduits dans un contexte narratif, grâce à
l'inventaire des occurrences de l'incise
disso, disso X.
Chaque fois que ce verbe est
accompagné de son sujet
(disso.l Sancta Maria),
il se place en début de vers. Il
y a inversion du sujet et le discours en style direct
commence au début du second hémistiche. C'est le cas le plus
fréquent en début de strophe. Par contre, lorsque le verbe
est employé seul, c'est-à-dire lorsqu'il constitue à lui
seul toute l'in
Pour compléter
une première approche de cette distribution des éléments de
l'énoncé dans le vers de la
copla cuaderna,
il convien Dissoli el judío (641 a) ; Dissoli el christiano (642 a) ; Dissoli el judío (643 a) ; Respondió el christiano (646 a).
La liste pourrait être beaucoup plus longue (cf. 647 a, 648 a et 648 d, 650 a, etc.). L'inversion du sujet est également fréquente dans d'autres positions dans la copla era en gran porfazo el bon omne caído (631 c) ; ovo un buen consejo el burgés a asmar (635 b) ; recivió la pecunia el burgés cibdadano (653 d). L'inversion du sujet entraîne chaque fois la localisation du verbe en début de vers ou d'hémistiche.
En dehors de ces cas d'inversion,
qui semblent majoritaires, il arrive aussi que le verbe se voie
assigner le début du vers. C'est qu'alors le syntagme sujet
occupe un vers tout entier, le premier hémistiche étant réservé
au groupe nominal, le second à une appo los omnes del judío, compannuela baldera, issieron deportarse fuera a la ribera (674 be) ; El trufan alevoso, natura cobdiciosa, non metié el astroso mientes en otra cosa (679 be) ; Los pueblos de la villa, páuperes et potentes, fazién grand alegría todos con instrumentes (698 be) ; Un rico arcidiano, bien de tierras estrannas, caeció esta festa entre essas eompannas (700 be).
Mais l'emploi des verbes ne se limite pas aux propositions dotées d'un sujet explicite. Beaucoup plus fréquent semble être celui de verbes sans autre indication de sujet que celle qui figure dans leur terminaison. Ainsi en va-t-il des propositions principales précédées d'une subordonnée contenant le sujet commun à toute la phrase : Quando el burgés ovo fecha su oración, e con el trufan ovo puesta su condición, aguissó su facienda e toda su missión (660 abc) ; Quando el trufan ovo el aver recabdado, el vaso en qe vino fo bien escodrinnado ; echólo so su lecho rriccament alleviado (678 abc).
Ainsi en va-t-il aussi, et de façon constante, des propositions indépendantes qui sont si fréquentes dans l'œuvre de Berceo. Cf. dans le Miracle du Mercader de Bizancio: 627 bc; 629 ab; 630 bc; 631 abcd; 637 ab ; etc. Dans tous les cas, le verbe est en position initiale et la proposition à laquelle il appartient coïncide avec le vers ou même avec l'hémistiche.
Ces observations ne prétendent pas
rendre compte de tous les aspects de l'écriture bercienne. Tout
du moins, elles permettent de dégager certaines constantes
formelles qui donnent à la
copla
sa structure originale. Elles
signalent un découpage fonctionnel du vers et de l'hémistiche en
éléments spatialement définis. Les positions essentielles, —
l'initiale et la finale —, se voient assigner une fonction
propre dans la
copla par la nature des mots qui leur sont
réservés : éléments de liaison et verbes en début d'hémistiche,
avec une prédi
Reste une question essentielle à
laquelle il n'a été fait ici que de trop rapides allusions :
comment a évolué la
copla cuadema
dans l'histoire du métier de clergie
? Cette forme qui semble si adaptée à l'esprit de Berceo
était-elle assez souple pour répondre aux exigences d'un
discours moins stéréotypé, comme celui de Juan Ruiz ou de Pero
López de Ayala ? La part de plus en plus grande faite à
l'hémis
BERCEO, MILAGROS DE NUESTRA SEÑORA
Nombre total des formes : 5 152 Nombre des occurrences : 27 558 Fréquence moyenne : 5,35.
Répartition des formes ca. début de vers : 93 oc. ; début de 2e hémistiche : 37. Soit 130 /139. début de vers : a : 0 ; b : 24 ; c : 16 ; d : 53. début de 2e hémistiche : a : 3 ; b : 9 ; c : 13 ; d : 12. mas. début de vers : 71 oc. ; début de 2e hémistiche : 8. Soit 79 /81. début de vers : a : 1 ; b : 11 ; c : 29 ; d : 30. début de 2e hémistiche : b : 2 ; c : 4 ; d : 2. pero. début de vers : 22 oc. Soit 22/23. a: 8; b : 2; c: 8; d: 4. porqe, porque. début de vers : 11 oc. ; début de 2e hémistiche : 3. Soit 14 /19. début de vers :<z:0;6:8;c:l;d:2. nin. début de vers : 27 oc. ; début de 2e hémistiche : 33. Soit 60 /99. si. début de vers : 81 oc. ; début de 2e hémistiche : 22. Soit 103 /142. quando, quand, début de vers : 61 oc. ; début de 2e hémistiche : 12. Soit 73 /85. début de vers : a : 31 ; b : 6 ; c : 12 ; d : 12.
Substantifs ou noms propres Christo. fin du 1er hémistiche : 29 oc. Soit 29 /38. Maria, fin du 1er hémistiche : 32 oc. ; fin de vers : 44. Soit 76 /78. Gloriosa, fin du 1er hémistiche : 100 oc. Soit 100 /126. Eglesia(s). fin du 1er hémistiche: 33 oc. Soit 33/35. miraclo (s), fin du 1er hémistiche: 38 oc. Soit 38/40. miraclo (s), fin du 1er hémistiche : 38 oc. Soit 38 /40. Teófilo. fin du 1er hémistiche : 37 oc. Soit 37 /39. ninno. fin du 1er hémistiche : 7 oc. Soit 7 /10. ninguno, fin du 1er hémistiche: 9 oc. Soit 9/10.
NOTAS
[1] Ms. 9815 de la Biblioteca Nacional de Madrid. Voir aussi à ce sujet Carlos Romero de Lecea, Hernando de Talavera y el tránsito en España del Manuscrito al impreso, Studia Hieronymiana, VI centenario de la Orden de San Jerónimo, Madrid, 1973, vol. 1er, p. 317. Je reproduis la ponctuation de l'original. [2] (aunque grande, etc.) : le copiste ne reproduit pas toute l'incise, renvoyant le lecteur au texte proprement dit. [3] Le signe adopté par le copiste dans le texte n'est pas la comma qu'il reproduit en marge, mais les deux points (:) . Il semble que, pour lui, les deux soient équivalents. [4] Je respecte le découpage des lignes, pour le cas où certains signes seraient liés à ce découpage. Je développe les abréviations- n- [5] Au-delà du dernier point, on lit q, sur lequel ont été dessinés le signe * qui, selon le copiste, équivaut au point (.), ainsi que le C majuscule de l'intitulé du chapitre 2. [6] Citons, parmi les plus récents, Francisco López Estrada, « Mester de clerecía : las palabras y el concepto », Journal of Hispanic Philology, 3,1978, pp. 166-174 ; Nicasio Salvador Miguel, « Mester de clerecía : marbete caracterizador de un género literario», Revista de literatura, tomo XLII, n° 82, 1979, pp. 5-30. [7] Joan Corominas ; J. A. Pascual, Diccionario critico etimológico castellano e hispánico. Nouvelle édition, 4 volumes parus, Madrid, ed. Gredos ; 1980 pour le vol. 4.
[8] Tel est, semble-t-il, aussi le cas de
rimado
dans le premier hémistiche. Le fait
que le substantif
via
soit à la rime ne lui confère pas un
statut privilégié. Con [9] La formulation copla cuaderna, que j'adopte désormais, me semble rendre compte infiniment mieux que cuaderna via de la réalité de la strophe du métier de clergie. [10] Il est exceptionnel, dans le métier de clergie, que deux strophes contiguës aient la même rime. Ou bien c'est pour répondre à la volonté délibérée de clore le texte en le dotant d'une espèce de finîda. Ou bien il s'agit d'un ajout dont l'inclusion dans le texte primitif n'a pas donné lieu à la « toilette » nécessaire. [11] La copla de 5 vers est rarissime et a toujours été considérée comme anormale. Il ne faut pas exclure cependant que, pour des motifs de recherche expressive, le poète ait été amené à transgresser très exceptionnellement la sacro-sainte règle des quatre unités. [12] Les enjambements d'une strophe à l'autre sont très rares. Dans le Libro de Amor, le phénomène n'apparaît que dans une série de quatre strophes, - 924-927 - ; dans le Rimado de Palacio, je n'en ai relevé que cinq cas : str. 665-666 ; 932-933 ; 1271-1272; 1673-1674 ; 1891-1892. [13] En principe, le nombre des signes de ponctuation est inversement proportionnel à la fréquence des termes de relation. Mais la réalité est moins simple. Les con jonctions strictement copulatives ou disjonctives telles que e, o, nin permettent de faire l'économie de la virgule. D'autres, au contraire, peuvent, dans certains cas d'emploi, requérir sa présence immédiatement devant elles : ca, mas, porque. Quant à si et quando, elles exigent la virgule à la fin de la proposition qu'elles introduisent.
[14] D'autres techniques
employées, telles que l'apposition ou la
parataxe, tout en
faisant l'économie de termes de liaison, vont
aussi dans le sens d'un refus du [15] Même si l'hémistiche ne saurait rivaliser avec le vers, le fait qu'il puisse lui-même être privilégié suffit à démontrer qu'il bénéficie aussi d'un statut d'autonomie. [16] Dios a aussi une fréquence élevée, mais elle est peu significative parce que le mot recouvre des valeurs très différentes : nom propre ; nom commun (un dios) ; interjection (por Dios, etc.). [17] Virgo a 23 occurrences ; Madré, 94. Madré apparaît 30 fois en début de vers et 19 fois en début du 2 e hémistiche.
|
|||||||
|
|||||||
|